Dans un contexte de crise énergétique exacerbée et de sensibilité grandissante à la question environnementale, le concept de bâtiments passifs pour vivre sans utiliser de chauffage est en train de faire son chemin. Pourtant, ce marché reste encore confidentiel. Pour tenter de relancer ce marché prometteur et de montrer l’exemple, l’État compte sur la livraison cette année d’un immense bâtiment public de 20 000 m² dans la Somme : la cité administrative d’Amiens. Ce bâtiment novateur sera surtout dit à consommation « passive », c’est à dire qu’il nécessitera très peu d’énergie pour assurer le confort thermique de ses occupants. Reportage.
L’État veut montrer l’exemple avec la cité administrative d’Amiens
Les constructions passives ne concernent pas uniquement les maisons individuelles. Elles s’appliquent aussi aux bâtiments publics. C’est le cas de la cité administrative d’Amiens, encore en construction. Avec ses 20 000 m2, ce projet se veut exemplaire dans le secteur tertiaire. A terme, il comprendra 1 150 postes de travail et comprendra certains services annexes, comme une crèche, d’un restaurant, proche de la gare pour faciliter l’éco mobilité.
Ce grand bâtiment devrait même être l’un des premiers labellisés Passivhaus, un label allemand certifiant les bâtiments à faible consommation d’énergie. C’est une construction intelligente, qui utilise des techniques et technologies avancées pour ajuster la consommation d’énergie en fonction de l’usage du bâtiment et de la présence des personnes. La structure du bâtiment est composé de bois-béton, le bois étant un matériau naturellement isolant. En tant que bâtiment passif, son isolation par l’extérieur sera très performante, tout comme son étanchéité à l’air. En outre, le bâtiment est conçu pour maximiser l’apport de lumière naturelle. Un ilot de fraicheur central et un refroidissement aérothermique alimenté par le réseau de chaleur urbain permettra de garder la fraicheur en été.
Avec ce projet, l’État montre l’exemple. Il s’agit d’un pari sur l’avenir, avec l’ambition que ce bâtiment conserve son niveau de performance énergétique pour les décennies à venir.
Un choix éco-responsable pour des particuliers
Dans les Hauts-de-France, France 3 est allé interrogé des acteurs de la construction de maisons passives. Dans la région, ce type de bâti tend à se développer, mais toujours assez lentement. En effet, l’association CD2, qui soutient le collectif des acteurs du passif dans la région, recense à peine 229 constructions de ce type depuis 2010. Mais ce n’est pas pour autant que ce concept doit être laissé de côté. Bien au contraire, c’est une option qui mérite une attention particulière.
Parmi ces 229 constructions, on retrouve celle d’Adrien, un jeune menuisier qui a décidé de tenter l’aventure du passif. Sa maison, qu’il a construite avec son frère spécialiste des bâtiments passifs, est un exemple pertinent de ce que peut offrir un tel choix. Adrien ne regrette absolument pas son choix.
« Là, il fait 21 degrés et la VMC est en train de réchauffer l’air jusqu’à 22 degrés« , explique-t-il, l’air satisfait. Et pourtant, vous ne trouverez aucun moyen de chauffage classique chez lui. Il a certes la possibilité d’ajouter un poêle à bois, mais n’en voit pour l’instant pas l’utilité.
L’assurance de se sentir bien chez soi tout en respectant l’environnement, c’est ce que le jeune menuisier recherchait. « Le bois est un matériau noble, écologique, et isolant« , explique-t-il. Et il se plaît à penser que sa maison est en phase avec ses convictions.
Le marché des entreprises de construction de maison passive… encore en construction
Outre les particuliers, certaines entreprises de construction voient également dans les bâtiments passifs une opportunité de développement. Ces entreprises investissent dans la construction de maisons témoins pour montrer à leurs clients les avantages d’un tel choix.
Cependant, si les préoccupations environnementales actuelles conduisent certains clients à s’intéresser à ce type de constructions, le problème majeur réside dans la formation. Les électriciens, les plombiers, mais aussi les architectes et les lotisseurs, tous ont besoin d’une formation spécifique pour être en mesure de construire des bâtiments passifs.
Les bâtiments passifs représentent une solution d’avenir face à la crise énergétique. Que ce soit pour les particuliers ou les professionnels, ils offrent de nombreux avantages. Pourtant, leur construction nécessite une expertise spécifique et des formations adaptées. Pour répondre à ces enjeux, il est nécessaire que les acteurs de la construction s’engagent dans cette voie. C’est un défi de taille, mais c’est aussi une opportunité pour construire un secteur du bâtiment plus respectueux de l’environnement.
Même si le marché des bâtiments passifs reste un marché de niche, il est en constante évolution depuis une dizaine d’années. C’est une tendance à surveiller de près, car elle pourrait bien s’imposer comme une évidence dans les années à venir. Dans un monde en constante mutation, où la question environnementale prend une place de plus en plus importante, les bâtiments passifs ont certainement un rôle clé à jouer.